VIS-à-VIS avec la diaspora italienne

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Posted on March 01, 2021

Le 2ème rencontre du projet VIS-à-VIS -contre la haine en ligne a vu comme invités des représentants de la diaspora italienne.

L’événement a été introduit par Valentina Zoccali, qui a présenté le projet et les activités qui seront organisées. Après les objectives de la rencontre ont été illustré:

  • définir ce qu’on entend pour haine en ligne et surtout comme elle est perçue par la communauté italienne;
  • comprendre comme améliorer le questionnaire (ITFR) pour le faire devenir un outil efficace pour l’identification des sites qui promeuvent la haine en ligne;
  • recueillir les adhésions  pour la création d’un help desk aux communautés: un outil d’écoute, soutien et information, qui restera actif après la fin du projet.

Tous les participants ont donné leur adhésion et disponibilité pour la réalisation des 3 objectifs.

Pietro Lunetto de l’association FILEF Nuova Emigrazione, Tiziana Barillà journaliste et autrice du documentaire “I fili dell’odio”, François Fameli de Cafébabel et Irenella Sardone de REGIB (Rete giovani italiani in Belgio) ont apporté leur témoignage et décrit leur projets.

Les points mis en évidence ont été:

  • l’origine de la haine et de son expressions;
  • le lien entre haine et société;
  • le rôle de la collectivité et de la propagande;
  • le registre linguistique utilisé;
  • l’alphabétisation médiatique.

Avec l’arrivée d’internet et des réseaux sociaux, la haine s’est diffusée aussi en ligne, augmentant son effet, sur ceux qui la reçoivent, en tirant parti de certaines caractéristiques spécifique des messages en ligne, telles que leur longévité (le message haineux peut rester en ligne pendant longtemps), l’itinérance (présence dans différents formats et plusieurs plates-formes de sorte que même si le contenu est supprimé, son auteur peut le reproduire ailleurs), l’anonymat (qui permet à ses auteurs de agir beaucoup plus confortablement dans le monde virtuel que dans la vie réelle) et la transnationalité, qui constitue un obstacle supplémentaire dans la lutte juridique contre le discours de haine en ligne en soulevant des questions de coopération trans-juridictionnelle.

Le premier intervenant a été Pietro Lunetto de l’association FILEF Nuova Immigrazione, qui a souligné les aspects relatifs à l’utilisation politique de la haine en ligne par toutes les parties politiques, témoignant qu’il a été lui-même l’objet d’attaques directes, avec une continuité d’expressions hors ligne et en ligne par une personne identifiée et il a donc conclu que l’anonymat est une question théorique. L’une des techniques de haine principalement utilisées dans le domaine politique est de construire une réponse sarcastique aux mésaventures des autres. Pietro Lunetto confirme sa volonté de collaborer au help desk en mettant également à disposition un emplacement physique.

Par la suite la parole passe à Tiziana Barillà, journaliste et autrice du documentaire “I fili dell’odio”, qui a été confrontée à des expressions de haine en tant que femme, et journaliste positionnée en opposition au système informatisé régi par les réseaux sociaux. Sur les réseaux les centres de propagande essayent de transformer en consensus le malaise individuel qui traverse la société et qui trouve dans les médias un espace propice pour se déployer. Tiziana Barillà insiste également sur le fait que l’expression d’une opinion personnelle est perçue  par l’auditeur comme une imposition, conduisant alors à des épisodes de haine en ligne.

Donc, qu’ est ce-que nous pouvons faire? Selon Tiziana Barillà, il y a 2 solutions:

  1. régulation ciblée sur des règles de comportement pour supprimer le phénomène
  2. la création d’une citoyenneté numérique grâce à une éducation aux médias généralisée qui peut amener les nouvelles générations à prendre conscience de l’utilisation de ces outils et ainsi résoudre le problème à la source.

François Fameli, témoigne avoir subi un double racisme en tant qu’ Italien en France (il devait s’appeler Francesco, mais il a fallu l’appeler François) et en Italie en tant qu’ Italien du Sud. Il rappelle comment le racisme change et évolue vers d’autres catégories, se modifiant au fil du temps.

Avec le magazine participatif multilingue “Cafébabel”, il réalise des travaux de médiation de contenu et d’éducation aux médias pour les jeunes journalistes, créant divers projets transfrontaliers. En tant que magazine, ils voient souvent la nécessité de gérer des attaques politiques.

François Fameli déclare également sa plus grande volonté de soutenir la création du help desk.

La dernière intervenante a été Irenella Sardone représentant le REGIB (Réseau des jeunes Italiens de Belgique), qui souligne comment à travers un chemin d’éducation aux médias sociaux on obtient des résultats, et donc investir dans la culture et l’information pour sensibiliser est nécessaire. Leur expérience de mise en place du réseau s’est totalement développée pendant la période covid, donc surtout en ligne, rapportant une expérience très positive, recueillant des commentaires posés et inclusifs, probablement influencés par la relation notamment avec les jeunes.

 

Débat

On s’interroge sur la présence d’une tentation d’utiliser le malaise social sur les réseaux sociaux pour un contrôle par ceux qui peuvent tenter de limiter la liberté d’expression.

Selon Tiziana Barillà, cela est évident. La haine se manifeste et se propage, comme précédemment annoncé, également par les centres de propagande et d’exploitation des médias sociaux. Il y a une capacité à appréhender le malaise, mais aussi une capacité à créer des bots, qui conduisent à percevoir la réalité différemment, en appliquant les règles de la psychologie cognitive.

Comment évoluer dans cette réalité alors? Selon la journaliste, il faut veiller à ne pas tomber dans le piège de la polarisation, qui sur le long terme s’avère être une erreur et renforce le système que l’on tente de contrer. Le réseau a accru la perception de la complexité de la réalité, c’est pourquoi une formation est nécessaire pour permettre une approche généralisée de la complexité. Sans culture particulière du citoyen, il est facile pour ceux qui veulent exploiter le réseau de proposer des messages directs et extrêmement simples, dont les messages de haine font partie, en réponse à la complexité.

Marco Grippigni de l’association FILEF observe que par rapport aux formes d’expression historiques, le saut de qualité du discours de la haine est lié à la possibilité pour l’auteur d’être derrière un clavier et non en présence, car exprimer la haine de cette façon est beaucoup plus facile. Cependant, l’existence d’ opérateurs politiques de la haine n’est pas spécifiquement liée aux réseaux sociaux, mais actuellement c’est la principale forme d’expression. Selon Marco Grippigni, la répression n’est pas si importante, mais il faut agir sur le malaise social et sur notre faiblesse à construire des messages positifs.

Les participants réfléchissent aussi sur le registre prédominant des messages de haine, qui est un registre polémique, d’où il se développe et comment on peut s’y opposer.

Selon Tiziana Barillà la polémique naît de l’absence d’informations, de conséquence on  peut y faire face avec les contenus. Il faut donc réacquérir le droit à la complexité et refuser le concept que sur internet il faut banaliser.

Ensuite on s’interroge sur l’impact du COVID-19 sur les médias.

Selon Irenella Sardone la pandémie a mis en lumière le problème de la véracité des notices et elle a contribué au début d’une alphabétisation plus avancée. Au contraire, Marco Grispigni est plus pessimiste. Il soutient que la prestation des médias en tant que gestion des notices n’a pas été positive.

Tiziana Barillà aussi partage cette opinion. En effet, elle ajoute qu’au niveau des médias, il y a eu une absence de contextualisation des données présentées. Dans le même temps, elle reconnaît comment covid a élargi l’audience des réseaux sociaux, en termes de tranche d’âge et de pénétration sociale, les faisant ainsi devenir massifs.

Fabio Del Vecchio a ensuite montré les résultats du questionnaire (Résultats du sondage – diaspora italienne) précédemment envoyé avec une représentation graphique standard basée sur des graphiques circulaires. Par la suite, les participants ont été invités à répondre à deux questions en ligne (écrire 3 stéréotypes sur les Italiens et classer les médias sociaux les plus utilisés pour le discours de haine), pour montrer un deuxième type d’analyse, appliquée à la collecte de données en direct avec une implication interactive des participants. Les deux formules, questionnaire en ligne et questions en direct, avec des analyses graphiques associées, sont proposées aux participants pour être utilisées dans leurs réseaux et réunions pour renvoyer les résultats à notre projet commun. Ces méthodes de collecte de données peuvent également être utilisées dans le fonctionnement du help desk en ligne.

Enfin, Marcello Aglietti a tiré des conclusions en soulignant les problèmes traités. L’origine de la haine liée au malaise généralisé, l’effet de l’anonymat, l’augmentation du potentiel d’impact et de diffusion du message haineux, le langage qui se concentre sur la forme qui peut faire le plus de bruit, l’inutilité du recours à la répression ou réaction. Nous devons travailler sur les aspects de la culturalisation généralisée, numérique et médiatique de la société, pour permettre aux gens de réacquérir le droit à la complexité en rejetant toute simplification. L’impact de covid sur les messages en ligne, en termes d’impact et de contenu, a suscité des opinions divergentes, mais le rôle de la pandémie dans l’expansion de la masse des utilisateurs des réseaux en termes de nombre et d’âge a également été souligné.

 


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